ÉDITORIAL COURRIER DES RETRAITÉS • N° 47
16 millions de retraités actifs et solidaires
16 millions de retraités actifs et solidaires
Il existe une idée pernicieuse qui tend à se répandre dans certains milieux de spécialistes, de journalistes, voire de politiques qui veulent faire croire que les retraités sont toujours en vacances et font vivre autocaristes, compagnies aériennes ou vendeurs de voitures neuves. En bref, ces retraités, qualifiés d’inactifs puisque la statistique les excluent de la catégorie des actifs, ne seraient que des oisifs qui coûtent cher à la société en plombant les comptes de la société à cause de leurs dépenses de santé et des 13,5 % prélevés sur le Produit Intérieur Brut (PIB) pour payer leurs pensions. A l’appui de cette caricature malsaine dans laquelle on tente de nous enfermer, tous les moyens sont bons.
Ainsi l’abattement de 10 % sur les pensions est-il jugé abusif alors qu’il n’a été mis en place par Raymond Barre que pour réduire la baisse de revenu – sans aucune référence à des frais professionnels – alors que cet abattement est limité à 3 715 € par foyer fiscal et que les 10 % accordés aux actifs peut atteindre 24 366 € pour un foyer de deux personnes. Thomas Piketty dans son livre pour la révolution fiscale jugeait que ce taux oubliait que les frais professionnels étaient remboursés par l’entreprise.
Ainsi juge-t-on normal que les retraités aisés – au-delà de 1 200 € par mois, c’est-à-dire la grande majorité d’entre eux – doivent accepter une nouvelle ponction de 1,7 % sur leur pouvoir d’achat de alors que les autres catégories de la société reçoivent une compensation, voire une amélioration.
Ainsi cette insistance à souligner que le patrimoine des retraités est supérieur à celui des plus jeunes – quelle surprise! - ou que leur niveau de vie est supérieur ou inférieur à celui des actifs selon que l’on prend en compte, ou non, le loyer fictif et les chômeurs.
Tout cela commence à ressembler à une guerre des âges qui est l’exact inverse de la société que nous voulons tous. C’est pourquoi nous vous invitons à ne pas tomber dans le piège de la récrimination et de la mise en cause. Nous savons que la situation de notre pays présente de lourdes faiblesses dans la gestion de ses comptes et que des efforts, voire des sacrifices, seront nécessaires si nous voulons qu’il ne cesse pas d’être ce qu’il doit être. Les retraités, comme les autres catégories participeront à réaliser cette ambition, mais ils ne veulent pas être considérés comme de simples variables d’ajustement.
C’est pourquoi nous vous invitons à partager notre rêve où les générations pourront continuer de vivre en bonne harmonie grâce à un régime de protection sociale hérité de nos pères, mais qui doit se réformer pour réduire les exclusions et éliminer les injustices sans en créer de nouvelles : financer les soins de santé à partir de tous les revenus est une réforme raisonnable, mais pourquoi y avoir introduit une pomme de discorde ?
Nous vous invitons donc à participer, pour nous-mêmes et nos enfants et petits-enfants, à la concrétisation de cette ambition. Faisons, encore plus demain qu’aujourd’hui, dans nos associations ou à l’occasion de nos engagements sociaux ou politiques, la preuve que nous ne sommes pas ces inactifs égoïstes que certains veulent voir en nous.
La période se prête à l’expression de vœux. N’échappons pas à la tradition et tous ensemble formons celui que ceux qui seront dans la peine trouveront autour d’eux le réconfort qui leur permettra de la surmonter. Formons le vœu que la réforme annoncée des retraites assure aux retraités une fin de vie digne et que nos enfants soient confiants dans la certitude qu’ils pourront eux aussi éliminer toute angoisse quant à leur futur.
COURRIER DES RETRAITÉS • N° 47
ÉDITORIAL 3
Christian Bourreau - Philippe Serre