ÉDITORIAL COURRIER DES RETRAITÉS • N° 53
C’est les vacances
C’est les vacances
Souvenons-nous. Il y a quelque 26 ans, au cœur de l’été, Edouard Balladur étant Premier ministre, une importante réforme paramétrique des retraites est intervenue. Elle concernait le régime de la Sécurité Sociale, c’est-à-dire, en gros, les salariés du privé.
Il s’agissait de freiner l’augmentation des coûts générée par la précédente réforme de 1983 qui avait baissé à 60 ans l’âge de la retraite. Désormais, le nombre de trimestres permettant d’obtenir le “taux plein” passait progressivement de 150 à 160 ; la première génération concernée fut celle née en 1943. Dans la foulée,
l’indexation des pensions fut liée à l’inflation et non plus à la progression des salaires. Grâce à la chaleur de l’été et au fait que le sort des fonctionnaires et des régimes
spéciaux était renvoyé à plus tard, la réforme suivit son cours sans guère de contestations.
Dans quelques semaines, Jean-Paul Delevoye, Haut- Commissaire à la réforme des retraites doit remettre ses propositions, fruit des consultations qu’il mène depuis presque deux ans. La procédure devrait ensuite conduire à l’examen d’un projet de loi dont le Parlement débattrait d’ici à la fin de l’année pour application dans cinq ans en 2025.
Il ne s’agit pas, dit-on, de faire des économies, mais de bâtir un régime universel s’appliquant à tous, quelle que soit l’activité professionnelle. Géré par répartition avec un système de points, il devrait couvrir la part de rémunération inférieure à trois plafonds de Sécurité Sociale (121 572 € en 2019). Il devrait également maintenir l’âge de 62 ans comme âge minimum pour liquider sa retraite, quitte à imaginer des avantages pourles départs plus tardifs.
En l’absence d’un texte officiel, il n’est pas possible à ce stade de faire des commentaires, mais dès sa publication, nous l’examinerons avec attention et ne manquerons pas de faire connaître nos points de vue, critiques et
éventuelles propositions d’amendement.
D’ici à la fin de l’année, nous attendons également un projet de loi sur la perte d’autonomie, sujet sur lequel nous publions dans ce numéro un dossier issu du rapport préliminaire de D. Libault. Les intentions exprimées vont dans le bon sens, même si l’on peut déplorer que la barrière de 60 ans entre Handicapés et Personnes âgées subsiste, et s’inquiéter de savoir si les contraintes financières pourront être surmontées.
Enfin n’oublions pas le pouvoir d’achat. Il reste une des préoccupations majeures des retraités. Emmanuel Macron a déclaré qu’en 2021 les pensions seraient indexées sur l’inflation. Ce serait un heureux changement par rapport à la pratique des dernières années et nous ne voulons pas imaginer que le Président revienne sur cette promesse. Il a aussi déclaré qu’en 2020, seules les pensions inférieures à 2000 € seraient compensées à hauteur de l’inflation.
Sur ce dernier point nous ne pouvons que nous interroger sur les modalités d’application de cette mesure ratiocineuse et mesquine. Il est permis de rappeler que les pouvoirs publics, sauf à mettre en place une loi impérative, ne peuvent décider que pour les régimes de base alors que les régimes complémentaires du privé ont déjà décidé d’indexer sur les prix les pensions qu’ils servent. Faudra-t-il une nouvelle fois faire appel au Revenu Fiscal de Référence ?
Pour calmer le jeu, prendre une mesure équitable et éviter aux services de Bercy de phosphorer à l’excès pendant les vacances, la sagesse serait de suivre la proposition, qu’avec la CFR, nous préconisons depuis longtemps :
indexer toutes les pensions sur les prix, quitte, si la situation économique l’autorise, à permettre aussi aux retraités de recevoir une partie de l’enrichissement du pays.
Nous reparlerons de tout cela à la rentrée et, pour le moment, l’ordre du jour est aux vacances et nous vous les souhaitons conformes à vos vœux, en famille, en voyage, au calme…
COURRIER DES RETRAITÉS • N° 53
ÉDITORIAL
Christian Bourreau - Philippe Serre